Le syndrome de l’imposteur, introduit en 1978 par les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, fait souffrir beaucoup de personnes puisque 70% des personnes le ressentent à un moment de leur vie. Lors de ce syndrome, il y a un conflit entre la perception que l’on se fait des autres et la perception que l’on a de soi, menant à des doutes continu quant à ses compétences.
Ainsi, les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur ont un sentiment persistant de ne pas mériter leur place et ne savent pas reconnaitre leurs succès et réussites qu’elles sous-estiment ou qu’elles attribuent à des facteurs externes.
Le syndrome de l’imposteur conduit souvent à du perfectionnisme et à un surpassement de soi afin de se sentir plus légitime. Au long terme, il mène à une anxiété chronique et à de l’épuisement.
" L'estime exagérée dans laquelle on tient mon travail me met parfois très mal à l'aise. Il me semble quelquefois être un escroc malgré moi." Albert Einstein
Les symptômes courant du syndrome de l'imposteur :
Par peur qu’on découvre leur incompétence, les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur se réfugient souvent dans un travail acharné et s’épuisent à la tâche. Elles recherchent la perfection et ne se trouvent jamais à la hauteur.
Le risque avec un syndrome de l’imposteur est de se décourager, de s’auto-saboter, d’être toujours insatisfait, de changer constamment de travail, de procrastiner ou de s’épuiser en allant jusqu’au burn-out.
Ce syndrome peut également s’exprimer dans la vie familiale en ne se sentant pas à la hauteur dans son rôle de parent ou de conjoint.
Les origines de ce syndrome :
Les causes du syndrome de l’imposteur sont souvent multiples :
- La pression exercée par des parents avec des attentes élevées lors de l’enfance
- Une faible estime de soi
- La pression face à de nouvelles responsabilités
Ce syndrome s’exprime principalement lors des périodes de transition : premier boulot, réorientation, changement de poste, promotion.
Selon la psychologue Valérie Young, il existerait également des profils plus sujets à développer le syndrome de l’imposteur :
- Les créatifs, les universitaires, les chercheurs et les étudiants, en se comparant régulièrement avec d’autres personnes talentueuses.
- Les personnes accédant à leur place par des voies alternatives.
- Les minorités sociales.
- Les enfants de parents brillants.
- Les ainés de fratries, soumis à plus de pression de réussite.
- Les entrepreneurs et autres travailleurs indépendants qui n’ont pas toujours accès à des feed-back réguliers.
Les 5 types de syndrome de l'imposteur :
Le perfectionniste
Pour lui, la moindre imperfection est synonyme d’échec. Il aura alors tendance à tout faire par lui-même, à travailler excessivement ou à procrastiner.
Le génie naturel
Ce type de syndrome se caractérise par la croyance que les compétences et la réussite doivent venir naturellement et facilement. Ainsi, lorsque les personnes souffrant de cette forme de syndrome rencontrent des difficultés ou des échecs, ils ressentent de la honte et de la culpabilité.
Par conséquent, ces personnes vont éviter de se mettre en potentielle situation d’échec en évitant de sortir de leur zone de génie naturelle. Elles ont également tendance à abandonner rapidement si elles ne réussissent pas du 1er coup. Ce qui limite bien souvent leur évolution professionnelle et personnelle.
Le solitaire
Les personnes présentant cette forme de syndrome de l’imposteur ont tendance à penser qu’elles doivent atteindre leurs objectifs seule. Pour elles, demander de l’aide est un signe de faiblesse. Elles peuvent alors s’épuiser à vouloir tout faire toutes seules.
L'expert
Lorsque le syndrome de l’imposteur s’exprime sous cette forme, les personnes pensent qu’elles doivent accumuler des compétences et des connaissances approfondies pour s’estimer légitime. Elles ressentent beaucoup de pression pour être toujours plus compétent et n’osent pas partager leur connaissances tant qu’elles ne maitrisent pas à 200% leur sujet (sur-préparation lors d’exposés/démonstrations/conférences etc). Ne pas tout savoir, c’est ne rien savoir.
Là encore, cela peut limiter l’évolution des personnes car elles vont éviter de s’exposer à des situations dans lesquelles elles pourraient être mises en défaut. Ce sont des personnes qui peuvent également avoir tendance à procrastiner.
Le super héro
Le super-héro se doit de réussir dans tous les domaines de sa vie. Ils se met beaucoup de pression, cherche à plaire à tout le monde, accepter beaucoup de responsabilités pour prouver qu’il peut tout faire et ne sait pas dire non aux attentes des autres, au détriment de sa santé.
Comment savoir si vous souffrez de ce syndrome ?
- Vous avez des difficultés à accepter les compliments : vous minimisez ou rejetez les louanges, estimant qu’elles sont imméritées.
- Vous avez une grande peur de l’échec ou de ne pas être à la hauteur des attentes des autres.
- Vous avez des difficultés à reconnaitre objectivement vos forces et vos succès.
- Vous vous mettez une pression excessive sur vous-même pour exceller, craignant que le moindre échec ne révèle votre «incompétence».
- Vous n’êtes jamais satisfait de vos performances ou vous vous fixez des objectifs trop élevés.
- Vous vous comparez en permanence avec les autres et vous vous trouvez toujours insuffisant, en vous focalisant sur vos lacunes et non sur vos forces.
- Vous travaillez de manière excessive, parfois au détriment de votre santé physique et mentale.
- Vous passez trop de temps sur les tâches qu’on vous demande afin de les rendre parfaites et sur-documentées.
- Vous recherchez en permanence l’approbation des autres sur votre travail mais vous détestez les évaluations.
Comment sortir du syndrome de l'imposteur ?
La première étape est de prendre conscience de ce syndrome. Chez certaines personnes, ce syndrome va s’estomper naturellement au fur et à mesure de leur expérience. Chez d’autres personnes cependant, il peut être particulièrement tenace et peut s’étendre dans tous les domaines de vie. Il est alors nécessaire de reconnaitre ses pensées limitantes et de les modifier pour se sortir de ce cercle vicieux :
- Changer de perspective : voir les « erreurs » comme des processus normaux d’apprentissage et d’évolution. Se rappeler que tout le monde passe par des « échecs » et qu’ils font partie des expériences de vie, qu’ils enrichissent le parcours de vie et qu’ils rendent plus forts.
- Réduire son niveau de perfectionnisme en observant progressivement lorsque celui-ci est contre-productif. Se fixer des objectifs concrets et réalistes. Célébrer chaque étape.
- Concentrer votre énergie sur les tâches les plus importantes et accepter le « correct » pour les autres tâches. Rappelez-vous que 20% de nos efforts génèrent 80% de nos résultats. Mettez donc l’effort au bon endroit.
- Se recentrer sur soi pour sortir de la comparaison. Regarder sa propre évolution, ses propres progrès. S’inspirer des autres et non se comparer.
- Demander régulièrement des feed-back constructifs afin de sortir de son auto-évaluation subjective et déformée.
- Sortir régulièrement de sa zone de confort afin de mieux se connaitre dans son entièreté et d’acquérir de nouvelles compétences et perspectives.
- Ne pas abandonner aux premiers faux pas. Savoir apprendre de ses erreurs et persévérer.
- Dédramatiser en parlant de ce que vous traversez. Vous verrez que beaucoup de monde autour de vous passe par les mêmes processus.
- Changer son discours intérieur, souvent très dur et se parlant comme à son/sa meilleur.e ami.e.
- Se faire accompagner par un professionnel (psychologue, coach de vie, hypnothérapeute etc).
Le syndrome de l’imposteur n’est donc pas une fatalité mais doit être pris en charge sérieusement lorsqu’il occupe trop de place dans la vie d’une personne.