Quels sont nos mécanismes de défense et comment affectent-ils nos vies

Les mécanismes de défenses sont des stratégies mentales automatiques et inconscientes dont le but immédiat est d’apaiser une anxiété, un stress ou un conflit interne. Ils permettent également un adaptation au monde extérieur.

Introduit par Sigmund Freud, c’est Anna Freud qui leur consacrera un ouvrage complet (« le Moi et ses mécanismes de défense »).

Il existe un grand nombre de mécanismes de défense, plus ou moins bénéfiques selon le types de mécanismes utilisés, à quelle fréquence et dans quelles circonstances il sont utilisés.

Savoir repérer ses principaux mécanismes de défense permet de reprendre le contrôle de ses réactions, d’améliorer sa relation à soi et aux autres et, de manière plus globale, de vivre une vie plus apaisée.

Nous utilisons tous au quotidien des mécanismes de défense. Parmi les plus utilisés, nous pouvons citer l’humour pour faire passer un message, la fuite en avant pour éviter d’affronter un sentiment désagréable, le déni de l’infidélité de sa compagne ou de son compagnon ou le refoulement d’un évènement traumatique. Il en existe un grand nombre et la liste ci-dessous n’est pas exhaustive.

Alors, prêt à découvrir quels sont tes principaux mécanismes de défense qui ne te permettent pas de vivre pleinement la vie que tu voudrais vivre ?

Les mécanismes de défense au niveau adaptatif élevé

Ces mécanismes de défense permettent une adaptation optimale au stress tout en autorisant une perception consciente des idées, des sentiments et de leurs conséquences.

Ils incluent :

  • L’anticipation : Visualisation mentale d’un évènement à venir afin de ressentir à l’avance les émotions futures et d’envisager les conséquences et/ou alternatives réalistes. On parle d’anticipation anxieuse lorsque cette visualisation génère des pensées angoissantes en imaginant des difficultés inexistantes.
  • L’affiliation: recherche de l’aide, du soutien ou une validation d’autrui dans les situations de stress ou d’inconfort
  • L’affirmation de soi: Expression directe de ses propres sentiments ou pensées afin d’atteindre un objectif clair.
  • La sublimation : transformation d’un comportement ou d’une impulsion jugés inadaptés vers un comportement socialement acceptable (ex : création artistique pour transformer un déplaisir ou une frustration en quelque chose de beau ; sport de contact pour canaliser la colère ; profession de psychologue pour assouvir un certain voyeurisme etc).
  • L’altruisme : dévouement au besoin des autres associé à une gratification directe ou indirecte
  • L’auto-observation ou introspection: Interrogation sur ses propres pensées/sentiments ou comportements
  • L’humour (humour vis à vis de soi vs sarcasme/ironie vis à vis des autres) : utilisation de l’aspect amusant d’une situation pour réduire le stress ou les tensions
  • La répression (oubli réversible) : mécanisme d’évitement d’une pensée, d’un désir ou d’un sentiment inconfortable, douloureux ou dérangeant.

Les mécanismes de défense avec inhibitions mentales ou formation de compromis

Ces mécanismes de défenses refoulent dans l’inconscient des sentiments, des souvenirs ou des désirs potentiellement menaçants.

Nous pouvons citer :

  • La dissociation : altération temporaire de la conscience, de la mémoire et de l’identité lors d’un stress intense. Il s’agit d’un détachement protecteur d’une réalité insupportable.
  • Le refoulement : déplacement dans l’inconscient d’expériences, de sentiments ou de désirs inadmissibles. Le refoulement se manifeste par des réactions exacerbées dans certaines situations normalement banales (retour du refoulé), ou au contraire, par l’absence de réaction adaptée attendues en temps normal. Il peut également se manifester par des vides, des absences de souvenir, des lapsus ou actes manqués voire des manifestations névrotiques
  • L’annulation : suppression symbolique d’une pensée, d’une action ou d’un comportement jugé inacceptable et qui a déjà eu lieu. A moindre échelle, cela peut se traduire par l’expression de 2 idées contraires dans la même phrase. A un stade plus avancé, ce mécanisme de défense peut se manifester par des névroses obsessionnelles.
  • Le déplacement : transfert d’un sentiment ou d’une réaction vers un objet substitutif plus acceptable pour un enfant). Le déplacement peut être à l’origine de phobies (ex : peur du père transformée en une phobie des chevaux (référence : « le petit Hans » suivi par S. Freud)).
  • L’isolation de l’affect : rupture entre un événement, une pensée, un sentiment et l’émotion associée (refoulement de l’affect sans refoulement de la représentation). Ce mécanisme de défense s’observe notamment lors d’événements traumatiques.
  • L’intellectualisation: recours excessif à des généralisations ou à un raisonnement logique pour contrôler ou minimiser des sentiments perturbants (ex : utilisation du « on » à la place du « je »).
  • La formation réactionnelle : substitution d’une pensée, d’un désir ou d’un comportement inacceptable par son opposé. Souvent associé au refoulement. Ex : Inquiétude excessive qu’un proche ne décède peut signifier un souhait inconscient de disparition de sa vie de ce proche. Une attitude anti-homosexuelle peut être la manifestation d’une incapacité à accepter sa propre homosexualité

Les mécanismes de défense avec distorsion mineur de l'image de soi, du corps ou des autres

Ces mécanismes sont utilisés pour réguler l’estime de soi et représentent les défenses narcissiques. On les retrouve chez les personnalités narcissiques mais également chez les adolescents.

On y retrouve :

  • La dépréciation: représentations excessivement inférieures de certaines personnes ou de soi. La dévalorisation de l’autre permet de renforcer l’estime de soi, d’éviter les déceptions ou de se protéger de la souffrance en cas de rupture
  • L’idéalisation : Attribution à l’autre ou à soi de qualités exagérées. L’autre est dépourvu de défaut ou de faiblesse.
  • L’omnipotence : sentiment de toute-puissance, de supériorité par rapport aux autres. Mécanisme associé à une dévalorisation de la plupart des personnes sauf quelques exceptions

Les mécanismes de défense avec niveau de désaveu

Ces mécanismes de défense refoulent dans l’inconscient un sentiment, un désir, une idée en attribuant éventuellement la responsabilité à une cause extérieure.

Par exemple :

  • Le déni : refus inconscient d’accepter une réalité douloureuse. La personne nie l’existence de cette réalité. Ce mécanisme est une étape classique du deuil.
  • La projection : attribution à l’autre de ses propres désirs ou sentiments inacceptables pour soi. Ex : mon partenaire est excessivement jaloux (alors que pas du tout mais refus d’accepter sa propre jalousie).
  • La rationalisation : justification d’actes, de pensées ou de sentiments derrière un raisonnement rationnel mais erroné. Recours à la logique ou à la morale pour se cacher de ses véritables motivations. A différencier de la manipulation qui se fait en pleine conscience.

Les mécanismes de défense avec distorsion majeure de l'image de soi et des autres

Ces mécanismes de défense génèrent une confusion importante dans l’image de soi et des autres tel que :

  • Le clivage : division du soi, des autres ou d’une représentation en tout bon ou tout mauvais (Tout est blanc ou noir, une personne est bonne ou mauvaise. Absence de nuances). Possibilité de renversement soudain du sentiment associé à un déni (déni du fait qu’on pensait exactement l’inverse juste avant).
  • L’identification projective : attribution à tort à une autre personne de ses propres sentiments ou pensées inacceptables. Cependant, contrairement à la projection simple, le sujet reste conscient de ses sentiments ou réactions mais il les ressent comme légitimes aux attitudes de l’autre.
    Lors d’identification projective concordante, le sujet induit chez l’autre un affect semblable à celui qu’il veut désavouer. Ex : La projection de l’agressivité induit chez l’autre des sentiments agressifs et le fait ressentir comme menaçant.
    Lors d’identification projective complémentaire, les sentiments éprouvés par le sujet et l’autre ne sont pas identiques mais opposés. Ex : La projection d’un sentiment de faiblesse se manifeste par l’expression d’un sentiment de supériorité sur l’autre qui se sent alors faible et incapable. Ce mécanisme se rencontre fréquemment dans les situations de harcèlement.
  • Le rêve autistique: tendance à se réfugier dans des rêveries et peut conduire à une absence absence de mise en place d’actions pour atteindre ses rêves. Ce mécanisme de défense peut mener à un retrait complet de sa vie réelle puisque cette vie fantasmée apporte plus de satisfaction.

Les mécanismes de défense par l'agir ou le retrait

On retrouve dans ce groupe, les mécanismes de défense :

  • Le passage à l’acte (fuite en avant) : Sur-activité afin d’éviter de ressentir un sentiment désagréable (ex : faire du sport à outrance, se réfugier dans le travail etc). Peut être associé à des blessures fréquentes ou de l’auto-sabotage.
  • Le retrait apathique : Mise en retrait, repli sur soi associé à un état d’indifférence. La personne n’a plus envie de rien.
  • L’agression passive : adhésion apparente masquant en réalité un désaccord ou un ressentiment. Elle se manifeste par une communication indirecte, des bouderies, des retards ou des oublis et une victimisation. Elle rend la communication difficile car la personne n’arrive pas à s’affirmer dans une relation.
  • La plainte associant demande d’aide et rejet : Elle masque une agressivité ou des reproches vis à vis de l’autre se manifestant par un refus de toute proposition d’aide.

Les mécanismes de défense avec dysrégulation défensive

Ces mécanismes de défense, pathologiques, surviennent lors de l’échec de la régulation défensive provoquant ainsi une rupture marquée avec la réalité :

  • La projection délirante : elle peut se manifester par des hallucinations
  • Le déni psychotique
  • La distorsion psychotique

Autre

  • La somatisation : expression physique localisée d’une douleur psychique
  • La régression : manifestation d’un comportement infantile dans une situation de stress

Références

  1. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Association américaine de psychiatrie, 1994
  2. Mécanismes de défense et coping, Chabrol et Callahan, 2004
  3. Les mécanismes de défense, Chabrol, Henri. Recherche en soins infirmiers, vol. 82, no. 3, 2005, pp. 31-42.
  4. Le Moi et les mécanismes de défense. Anna Freud, 1936
  5. Les neuropsychoses de défense, Sigmund Freud, 1894

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